Vendredi 3 décembre 2010 à 17:54
Je suis sûre que Ludivine se souviendra toute sa vie de ce jour-là. Un matin comme les autres à priori, dans son petit village enneigé. Comme tous les matins, elle se lève tôt, fais chauffer du lait alors qu'elle lutte pour garder ses yeux ouverts. Un peu de cacao, une tartine beurrée et la journée est lancée. Après avoir bu son bol, elle court à la douche: elle est en retard, encore une fois. «Merde!» Ludivine oublie souvent que le gel douche ne dure pas éternellement. Par chance, c'est jour de courses, il lui suffit de l'ajouter à sa liste. Elle s'habille rapidement, range soigneusement ses cheveux ondulés dans son bonnet beige, et part affronter le froid, pour un travail qui ne lui plait pas, pour un salaire beaucoup trop bas.
«Vous êtes en retard, mademoiselle.» En effet, elle a beaucoup traîné sous la douche, comme à son habitude, elle s'excuse avant de rejoindre la petite planche qui lui sert de bureau. Ludivine est en quelque sorte la femme à tout faire dans une petite entreprise. Son patron a la main balladeuse. La secrétaire est une femme de 40 ans, un peu aigrie. Malgré tous les beaux discours qu'on nous fait lorsqu'on est encore dans le système scolaire, ce n'est pas forcément avec les meilleures notes qu'on obtient le poste que l'on souhaite ensuite. Ludivine en est la preuve. Ludivine est l'une des meilleures danseuses de sa région. Elle a intégré le conservatoire à rayonnement national de Lyon, quand elle était plus jeune. Elle est sortie avec un excellent diplôme, et avec un avenir prometteur. Ludivine a eu un accident de voiture, et ne pourra plus jamais danser. Grâce à une amie de sa tante, elle a ce travail, et elle s'estime heureuse d'avoir cette place.
La journée terminée, il est temps d'aller faire deux trois courses avant de rentrer. Arrivée en face du magasin, elle sort sa liste de course, préparée pendant la journée. Ludivine approche des caisses, et tombe sur un visage familier. Maxime, avec qui elle était au conservatoire. Il n'est pas au courant de l'accident, l'invite au cours de danse qu'il donne le soir même à des enfants. Ludivine lui explique, gênée, que la danse ne fait plus partie de sa vie. Maxime insiste, elle accepte. Quel bonheur elle a ressenti, en ouvrant le carton qui contenait ses affaires de danse. Et imaginez donc sa joie, ce soir là, quand elle a ressorti pour le plaisir, ses chaussons...
Framboise.
